Tibet

Le Tibet a été annexé par la Chine en 1951. Depuis, la Chine a redecoupé ses frontières et l'actuelle "région autonome du Tibet" n'occupe plus que la moitié de la superficie de l'ancien Tibet indépendant. Sur les plans politique et culturel, les tibétains ne sont plus libres de leurs choix. La culture tibétaine n'est exploitée qu'à des fins touristiques par les chinois. C'est le cas de l'ATP (Alien Travel Permit, ou "permis de voyager au Tibet pour un étranger") qui s'achète dans une agence de voyage et représente une manne financière pour la Chine, sur le dos du Tibet. C'est ce permis que je n'ai pas voulu acheter. De plus, la visite du Tibet est conditionnée au fait d'appartenir à un groupe organisé, afin que les déplacements des touristes soient ainsi totalement contrôlés. Autre condition que je n'ai pas respectée. Ne pas respecter ces restrictions peut être passible d'une amende et d'une expulsion de la région autonome du Tibet.

Les émeutes à Lhassa ont éclaté peu après le 10 mars, date anniversaire de la fuite du Dalaï Lama en 1959 suite à un mouvement de résistance tibétaine réprimé dans un bain de sang.

Système scolaire, travail des enfants :

Implantation chinoise Deux raisons m'ont empêché de visiter une école, comme nous l'avons fait avec Florence depuis le début de ce tour du monde: la communication très difficile voire impossible, la très grande majorité des gens ne parlant pas un mot d'anglais ou d'une quelconque autre langue. Et surtout le fait que poser des questions sur le fonctionnement des écoles, la proportion d'enfants scolarisés etc... en étant "hors la loi" m'aurait sûrment attiré des ennuis supplémentaires.

J'ai pu toutefois observer dans plusieurs petits villages des petite écoles flambant neuves, le drapeau chinois flottant au vent... Mais beaucoup d'enfants semblent ne pas être scolarisés et parcourent la campagne derrière des troupeaux de chèvres ou de vaches.

Mode de vie, habitudes alimentaires... :

- Religion : Très présente dans la vie de tous les tibétains. Moulins à prière, stupas, monastères sont fréquents ainsi que les lieux, dont les sommets des cols, couverts de drapeaux à prière.

- Alimentation : Soupe de nouilles, soupe de raviolis (momos). Fruits (en hiver) : bananes et mandarines, très chères, qui viennent des plaines chinoises. La nourriture est globalement très épicée. Le thé au beurre de yak se boit partout.

- Sport : Le billard est incroyablement populaire au Tibet, il y en a dans tous les villages, jusqu'aux plus petits d'entre eux! Les "jeux de table" (dames, échecs, jeux locaux...) sont aussi très pratiqués.

- Transports : Les motos de petite cylindrée sont le moyen de transport le plusTaxi répandu. Elles sont souvent très décorées, comme les quelques camions qui parcourent la région. On rencontre aussi beaucoup de "camions-tracteurs" (un simple moteur sur deux roues !) tirant de petites remorques, des charettes tirées par des chevaux ou des vaches, et très peu de voitures individuelles. Les gros camions et les 4x4 qui circulent au Tibet appartiennent quasi exclusivement aux chinois. Pour les transports en commun, ils sont assurés par les moyens de transport précédemment cités, les gens s'entassant sur les remorques accrobatiquement parfois, et plus officiellement, des mini-van ou des bus assurent les trajets plus longs.

- Agriculture, élevage : Les tibétains sont un peuple de bergers-agriculteurs. Anes, chèvres, vaches, yacks… peuplent les champs, où l'on trouve de l'orge en grande quantité.

- Habitations : L'habitat traditionnel tibétain est une grande bâtisse à l'encadrure des fenêtres de forme trapézoïdale. Le bois est le matériau privilégié dans les zones boisées, très fréquentes et la terre cuite l'est dans les zones désertiques. Les habitations sont souvent surmontées de quelques mâts au bout desquels flottent des drapeaux de couleur ou... le drapeau chinois. Le chauffage est assuré par un grand poële trônant au milieu de la pièce principale. Le combustible est le bois dans les zones de forêt, les excréments de yacks et de chèvres avec quelques plantes grasses dans les zones désertiques.

Les villes au Tibet sont des "villes chinoises", peuplées d'ailleurs à majorité par des chinois colons simplement attirés par l'argent mais nullement par la région ou la culture tibétaine, ce qui se ressent énormément dans les rapports humains qui en découlent. Ville classique: longue rue principale bordée de bâtisses, côte à côte, à deux étages. Magasins au rez de chaussée (souvent beaucoup de restaurants nourrissant travailleurs de la route et touristes) et habitations à l'étage.

- Habits : Le jean n'est pas encore arrivé jusqu'ici. Le pantalon en toile est la norme, avec blouson “doudoune” pour les plus chanceux.

Santé, problèmes environnementaux, risques naturels :

- Comme dans le reste de la Chine, la pollution la plus visible est la pollution plastique. Les détritus plastiques recouvrent le bord des routes, les rues des villages et souillent le fond des rivières.

- Le froid (absence d'isolation adéquate dans les maisons) et l'hygiène limitée fait qu'une grande partie de la population souffre de bronchite chronique.

- Les risques naturels principaux sont ceux inhérents à la haute montagne.

Ce qui m'a plus particulièrement marqué :

Habitat tibétain - L'absence de contestations écrites sur les murs, de graphitis anti-chinois, d'affiches…m'a étonné. La réaction violente à Lhassa n'en a été pour moi que plus surprenante.

- J'ai du pendant de longues semaines me méfier de tout le monde, donnant à la longue une sensation bizarre... Qui est cet homme qui me questionne sur le fait que je voyage seul ? un chinois pro-tibétain ?, pro-chinois ? un tibétain pro- chinois ? ou pro-tibétain ?... Et l'on sent que cette suspicion est à double sens. Mes interlocuteurs, quand j'ai osé poser certaines questions, semblaient se demander : occidental pro-chinois ou pro-tibétain ?... Une ambiance générale peu propice au bonheur, comme dans toutes les régions colonisées du monde...

- La Chine prétend aider au développement du Tibet, en construisant un réseau routier de qualité par exemple. Mais à qui profite vraiment une large route goudronnée? Aux charettes tirées par des chevaux ou aux véhicules 4x4, camions assurant le ravitaillement de magasins pour la majorité d'entre eux tenus par des chinois ou autres convois militaires ?...

- La Chine présente aujourd'hui les émeutiers de Lhassa comme des terroristes venant troubler une harmonie parfaite. Terroristes pour certains. Résistants courageux pour d'autres. Ces gens qui ont osé se rebeller sont aujourd'hui en danger. Les cartes mémoire d'appareils photo confisquées à de nombreux étrangers permettront de retrouver facilement beaucoup de tibétains ayant participé à ces émeutes. La Chine n'est pas démocratique, elle ne respecte pas les droits de l'Homme et pratique la répression sévère contre ceux qui se mettent en travers de sa route. Accepter tout cela pour des raisons économiques est un acte de collaboration. Une faute morale grave. Un acte caractérisé de non assistance à personnes en danger.

Après ce passage mouvementé au Tibet, mon sentiment est une crainte forte pour l'avenir proche de notre belle planète. La Chine avance, elle va vite. Elle est économiquement très puissante et pourrait rapidement devenir la première puissance mondiale. Sur quels fondements idéologiques se base-t-elle ? Une absence de démocratie, un non respect des droits de l'Homme, une indifférence vis-à-vis de l'environnement qu'elle contribue à détériorer de manière dramatique, des droits sociaux, de l'égalité des chances... La Chine dite "communiste" est aujourd'hui le paradis de l'ultra-libéralisme. Comme les Etats-Unis ont pu l'être (guerriers, uniquement soucieux de leurs propres intérêts, bloquant les avancées environnementales...), la Chine représente un frein puissant à l'évolution vers un autre monde, pourtant possible, respectueux des hommes et de l'environnement.

La carresser dans le sens du poil n'empêchera pas le coup de griffe...

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